Comme Jésus qui s’est fait pauvre
Jésus n’a pas choisi de venir au monde dans une famille privilégiée, dans un milieu protégé. Il est né dans des conditions précaires (naissance au cours d’un voyage, menaces, refuge en Egypte, …). Notre Eglise d’Algérie y est sensible, parce qu’elle-même connaît des conditions d’existence difficiles.
Mais ce choix nous bouscule, nous qui rêvons sans cesse de sortir de notre précarité, d’avoir de meilleures conditions d’existence au plan juridique, institutionnel, financier, … Or Jésus n’a pas voulu s’appuyer sur des sécurités matérielles, mais d’abord sur la sécurité donnée par l’amour de ses parents Joseph et Marie, sur le bonheur donné par des relations humaines fraternelles avec tous.
Goûter la simplicité comme une chance, investir dans les relations fraternelles, voilà de belles orientations données par l’enfant de Noël, et une promesse qui nourrit notre espérance.
Comme Jésus qui a valorisé la vie de chacun
Pour nous conduire au ciel, Dieu est venu sur la terre. Grâce qui coûte cher à Dieu -la vie de son Fils- comme le dit le théologien Dietrich Bonhoeffer.
Dans un pays marqué par l’émigration ou le désir d’émigrer, notre venue pour partager la vie du peuple algérien surprend. Faire le trajet dans ce sens paraît étrange. Venir en Algérie, y rester, exprimer notre joie de vivre dans ce pays, notre émerveillement devant l’œuvre de Dieu dans l’existence de femmes et d’hommes musulmans ou chrétiens, fait des volontaires, prêtres, religieux et religieuses des serviteurs de l’espérance.
Comme Jésus accueillant à tous
Les hôtes de la grotte de Bethléem, anges, animaux et humains, bergers et mages, nous disent déjà le salut universel apporté par Jésus.
Nous avons vécu le 18 octobre dans notre diocèse, à la basilique Saint-Augustin d’Hippone, une ordination épiscopale avec une assemblée composée pour un tiers de musulmans, un tiers de catholiques et un tiers de chrétiens d’autres dénominations. Signe précieux que nous donne le Seigneur que la Bonne Nouvelle que nous proclamons n’est pas menace ou concurrence, mais qu’elle est perçue comme bonne nouvelle pour tous !
Comme Jésus à la grotte
Jésus ne naît pas dans le confort d’une maison ou d’un palais, mais dans une étable.
Si l’ordination épiscopale du 18 octobre avait lieu dans la basilique d’Hippone et non dans la cathédrale du diocèse, c’est parce que cette dernière, située dans la ville de Constantine qui est plus centrale dans le diocèse, est un sous-sol aménagé de moins de 100m². Et il en est de même pour les lieux de culte de chacune des six autres paroisses du diocèse.
La richesse de notre Eglise n’est pas dans ses locaux mais dans ses personnes.
Comme Jésus dépassant toute frontière
Peu après sa naissance, Jésus et sa famille partent pour l’Egypte, et il ne cessera ensuite de passer de pays juif en pays païen, de Judée en Samarie, de Décapole en Galilée. Il affirme que ses frères, sœurs et mère sont ceux qui écoutent et mettent en pratique la Parole de Dieu.
L’Eglise d’Algérie est une Eglise multicolore, composée d’étudiants et migrants venus d’Afrique subsaharienne, d’enfants du pays arabes et berbères, d’expatriés, prêtres et religieux de tous les continents. Cette Eglise de toutes les nations est une chance dans un pays qui a longtemps cru que le christianisme était la religion des Européens colonialistes alors que l’islam serait celle de la libération des tiers-mondes.
Trésor offert
Il y a quelques mois, le responsable d’une de nos paroisses faisait un trou dans le mur de la chapelle pour y insérer un tabernacle.
Alerté par le bruit, un voisin musulman l’interpelle :
- « Vous faites un trou dans le mur ? »
- « Oui. »
- « C’est pour y cacher un trésor ? »
- « … Oui ! »
- « Pourrons-nous avoir une part de ce trésor ? »
Belle parabole de notre Eglise, dans un pays où le pourcentage des chrétiens est inférieur à un pour mille.
+ Michel Guillaud