Le 27 avril dernier, la 9ème journée Mariale s’est déroulée dans le cadre somptueux de Madame l’Afrique avec des invités de marque. Une journée patronnée par les Pères Blancs et la Konrad-Adenauer-Stiftung Algérie.
Le soleil matinal d’Alger bien accueillant, nous promettait une belle journée. Rapidement, la basilique fut bien remplie où se côtoyaient les foulards et les habits de religieuses des sœurs de la Charité ainsi que les personnalités religieuses et civiles du quartier.
Dans le contexte actuel de la « guerre mondiale morcelée » comme dit le pape François, et tout particulièrement avec la guerre à Gaza, organiser une journée islamo-chrétienne n’est pas une mince gageure, mais « Madame l’Afrique » veillait.
L’intervention du professeur Adnane Mokrani, avec pour titre : la force spirituelle de Marie et la révolution monothéiste, nous partagent quelques scènes et situations tirées du coran et de la bible. « Le monothéisme est basé sur un sens critique et non sur un suivi aveugle » dit-il et il nous fait voyager dans les Livres Saints, nous montrant les points d’appuis de ses dires. Il est aussi question de la confiance comme Marie : « Comment cela se fera-t-il ? » « C’est Dieu qui pourvoit à qui que ce soit.» Il veut sans compter. » Al Imran (3, 37) semble répondre le Coran.
Madame Nadjia Kebour, théologienne musulmane enseignante à Université pontificale urbanienne à Rome , nous entraîne sur le sujet « Le vivre ensemble pacifique et la culture du dialogue ». C’est la paix, nous dit-elle qui est essentielle dans la vie humaine : « Une personne ne peut entrer au Paradis sans être en paix, car le Paradis est la maison de la paix. » L’intervenante présente le « document sur la fraternité humaine », pour la paix et la coexistence mondiale, signé par le Pape François et le grand Imam, Cheikh d’Al-Azhar Al-Sharif Ahmed Al-Tayeb, lors de leur rencontre le 4 février 2019, à Abu Dhabi, aux Émirats Arabes Unis. C’est la fraternité universelle qui est remise en valeur dans ce document au nom de la liberté, de la justice, de la miséricorde. « L’homme est le successeur de Dieu sur terre, conscient de la volonté de Dieu et responsable de sa réalisation et d’assurer l’harmonie et l’unité dans le monde. » « Ce document est un premier pas vers la fraternité humaine. Ce n’est pas un projet pour un groupe spécifique de personnes, mais plutôt pour tous les hommes, car le problème concerne tout le monde, c’est-à-dire comment sauver l’homme et l’univers » nous dit-elle.
Elle nous parle également de son expérience de dialogue à Rome notamment avec les petites sœurs de Jésus, rappelant quelques règles essentielles pour dialoguer : le respect mutuel, faire de nos différences une opportunité de connaissance, de coopération et de construction de la civilisation humaine. Elle nous raconte comment son expérience philosophique et spirituelle avec le philosophe algérien Augustin l’a conduite où elle est aujourd’hui. Elle cite l’Émir Abdelkader qui, en 1860 est intervenu avec courage pour mettre fin aux conflits sectaires qui opposaient musulmans et chrétiens au Levant, ce qui a permis de sauver des milliers de chrétiens.
Madame Uta Neufeld dans une intervention intitulée « le psychodrame d’une femme moderne » nous parle de Marie comme celle qui a osé aller à contre-courant en faisant confiance à Dieu.
Monsieur Amer El Hafi théologien jordanien d’origine palestinienne nous introduit dans la fracture qui traverse sa région avec beaucoup de conviction et de sagesse, nous donnant un petit éclairage sur la situation actuelle.
Enfin, le Royal Institut for Inter Faith Studies à Amman en Jordanie nous est présenté Madame Renée Hattar
Au milieu de ces interventions, un intermède musical : madame Rania Cello et son violoncelle ont lancé des notes dans cette basilique qui ont certainement rejoint les anges.
Le délicieux couscous marial clôture la journée donnant l’occasion de rencontres impromptues et très enrichissantes.
Didier Lucas