Une visite historique

C’est dans un diocèse en attente d’un nouvel évêque que Mgr Kurian Mathew VAYALUNKAL et le père Rafał, le secrétaire de la Nonciature, sont venus visiter le diocèse d’Oran. Une visite historique car cela faisait bien des années qu’un nonce n’était pas venu visiter ce diocèse.

Excellence, c’est votre première visite dans ce diocèse depuis votre arrivée ici en Algérie il y a déjà deux ans, comment ce voyage s’est-il passé ?

Nous avons dû reporter cette visite deux fois et c’est la première fois que le Père Rafał et moi-même avons la chance de visiter un autre diose que l’Archidiose d’Alger. Ce fut une expérience profonde pour nous deux. C’est un peu compliq de se placer, mais cette fois on aussi ! Cela nous a permis de mieux connaître le pays en profondeur ainsi que le diocèse d’Oran.

Vous avez fait différentes rencontres qu’est-ce qui vous a le plus frappé ?

L’Église d’Oran est plus pauvre que le diocèse d’Alger, elle compte beaucoup moins de fidèles catholiques et ils sont dispersés.

Nous avons vécu successivement de nombreuses rencontres mais aussi des contacts imprévus et spontanés, qui nous ont permis de voir une grande diversité de personnes.

La visite des bibliothèques a été très intéressante car nous avons remarqué que c’est aussi un lieu de rencontres pour les étudiants : ils s’y sentent accueillis, c’est un beau témoignage de service, de fraternité que peut donner l’Église locale en ces lieux très appréciés par les jeunes. L’un d’entre eux m’a dit : « Ici je trouve une énergie positive. »

Avec des jeunes étudiants subsahariens nous avons vécu une très belle soirée de prières de Taizé, profonde et vraie, avec des témoignages poignants. Ils m’ont posé des questions sur le rôle de la Nonciature et m’ont raconté leur expérience dans ce pays. J’ai été impressionné par leur parcours de vie, certains ont retrouvé la pratique religieuse au contact de l’Église locale. Là aussi l’accueil que fait l’Église à ces jeunes éloignés de leur famille est exemplaire.

Nous avons rencontré aussi les consacrés et j’ai été étonné par leur psence active, finalement l’Église est portée par les consacrés. J’ai pu aussi constater les difficultés de ces personnes dans un contexte local très particulier : je crois que l’on peut dire qu’ils sont le « sel de la terre » et « la lumière du monde» comme dit l’Évangile. Toutes et tous sont au service de leur prochain et je crois que l’on peut dire qu’ils font grandir la bonté autour d’eux, c’est magnifique. Malgré un contexte difficile, je les ai trouvés pour la plupart heureux d’être là, au service des personnes. Je pourrais dire que ces consacrés sont des héros.

J’ai pu croiser quelques autres ressortissants étrangers lors de la messe du vendredi, une célébration très belle, chantée, dansée et joyeuse Le centre Pierre Claverie est vraiment un lieu qui permet de respirer pour beaucoup de personnes. De retour sur Alger je suis passé par Sidi Bel Abbes, où j’ai vu là aussi des consacrés qui transmettent la joie.

La rencontre avec les prêtres a été aussi très riche et m’a permis de mieux rentrer dans les difficultés de leur vie.

Comment voyez-vous l’avenir de ce diocèse ?

Avec la diminution des bourses d’études pour les étudiants subsahariens, le nouvel évêque devra probablement trouver, avec la communauté, une autre façon de faire la pastorale. C’est véritablement un défi, certes pas seulement pour le diocèse d’Oran, il faudra se réinventer. Le processus du choix d’un nouvel évêque va de l’avant, ce n’est pas facile de trouver des candidats ; il faut prier pour que le Seigneur nous envoie un pasteur adapté. Mgr Vesco a fait un très beau travail, avant lui Mgr Gorger également, sans parler de la vie donnée par Mgr Claverie.

Mais je pense que nous ne sommes pas en retard, cela fait tout juste un an que Mgr Vesco a quitté Oran. Parfois, comme à Constantine et à Tanger, il faut me quelques anes pour trouver un nouvel évêque. En ce moment, les documents se pparent à être envos au Vatican et je crois que, si tout va bien, au cours du second semestre, un nouvel évêque sera nom.

Propos recueillis par Didier Lucas

 

22 Fév 2023 | A la une, Eglise d'Algérie

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