Origine de la congrégation
La naissance, au milieu du XVIIème siècle, de la congrégation des Sœurs de Saint Joseph a des allures de conte… Il était une fois dans la ville de Saint-Flour sept femmes désireuses de devenir religieuses, mais qui étaient trop pauvres pour entrer au couvent, et peut-être pas tentées par le cloitre. Un Jésuite, le père Médaille, qui prêchait des missions dans cette ville, les rencontra et les aida à préciser leur vocation : se consacrer tout à Dieu et au service du prochain. La fondation, d’abord secrète, est officiellement consacrée en 1650 sous le nom de congrégation des filles de St Joseph. Ces religieuses qui veulent se mettre au service des pauvres mais souhaitent aussi assurer par elles-mêmes leur subsistance, choisissent comme tenue l’habit des veuves qui leur permet de circuler librement.
Arrivée en Algérie en 1868
Comme la congrégation avait développé des activités d’enseignement et de soins, c’est à elle que l’Archevêque d’Alger, le Cardinal Lavigerie, demande de venir ouvrir des écoles et être au service de la santé . Les sœurs de St Joseph fonderont en particulier un établissement d’enseignement pour jeunes filles la Sainte Famille. Elles le géreront jusqu’en 1976, année où les écoles religieuses seront nationalisées. Si à la fondation l’établissement est destiné aux jeunes filles chrétiennes, après l’indépendance de l’Algérie il accueillera des filles et des garçons aussi bien chrétiens que musulmans.
Voici le témoignage d’une élève algérienne qui a fréquenté la Sainte Famille C’est l’histoire d’un vilain petit canard réparé par la Sainte Famille Combien de patience et de pédagogie fallait-il à nos sœurs pour accompagner les préadolescentes et adolescentes en effervescence et faire exprimer le meilleur en elles. A toutes mes sœurs de la Sainte Famille, toute ma reconnaissance pour ce que vous m’avez donné de formidable. Un merci tout particulier à Marie-Jean, ma mère spirituelle qui m’a ouvert les chemins de la connaissance et de la sagesse.
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Après 1976, les sœurs de St Joseph ont réorganisé leurs activités mais sont restées en Algérie.
La communauté à Alger en 2018
En 2018, depuis le départ de Madeleine en Janvier, trois sœurs forment à Alger la communauté de ce qui s’appelle aujourd’hui l’Institut des sœurs de Saint Joseph : Jacqueline, Patricia et Jeannette., toutes trois très différentes.
- Jacqueline, après avoir exercé sa profession d’infirmière-anesthésiste pendant 40 ans en France, au Sénégal et
en Côte d’Ivoire, est arrivée en Algérie en 2003. Elle a d’abord travaillé à Rencontre & Développement où elle assurait écoute, conseils et soins infirmiers aux migrants et veillait au remboursement de leurs frais pharmaceutiques. Tout en étant encore à l’écoute des étudiants subsahariens, elle consacre aujourd’hui l’essentiel de son temps comme aumônier auprès des prisonniers chrétiens qui sont en quasi-totalité des migrants subsahariens. Elle dit qu’aujourd’hui des rapports de confiance ont été noués avec les autorités algériennes, les gardiens et le personnel de la prison, ce qui facilite la mission d’écoute et de soutien spirituel auprès des prisonniers. Le travail dans la durée lui a donné le sentiment d’avoir permis de rapprocher les Subsahariens des Algériens ; mais la situation sans avenir de ces migrants lui est une grande souffrance. Dans sa vie spirituelle Jacqueline apprécie la petite Eglise intergénérationnelle et interculturelle à visage universel.
- Patricia qui est éducatrice, d’un milieu militant syndicaliste se veut au service des Algériens les plus modestes. Elle est venue dans un premier temps au collège de la Sainte Famille, puis elle a quitté l’Algérie. Une fois à la
retraite professionnelle, elle revient. Depuis, elle active au sein d’une association tenue par les sœurs Augustines, implantée en milieu populaire à Bab el Oued. Etre une présence de proximité témoigne aux habitants qu’ils ont du prix à nos yeux. Elle a assuré le soutien scolaire en français pendant de nombreuses années auprès d’enfants du primaire. « J’ai reçu d’eux, dit-elle, la fraîcheur, la simplicité, la joie de vivre : les enfants n’ont pas de masques, ils sont simples, naturels, spontanés, et très intelligents. » Ensuite elle a passé le relai à une Algérienne pour donner des cours de français à des adultes femmes, toujours dans la même association. Elle prend deux groupes qui veulent aider leurs propres enfants dans le scolaire. Ces personnes suivent très régulièrement les cours et sont très motivées. Ce qui fait sa joie c’est la rencontre, le partage, les échanges. « Elles me font grandir en humanité ». Elle regrette parfois la difficulté à travailler en équipe entre enseignants, mais apprécie l’accueil et le partage qu’elle vit ainsi que la confiance qu’on lui offre. Ce qu’elle aime le plus c’est la diversité des rencontres que ses activités lui permettent. Elle apprécie une vie spirituelle active, centrée sur la vie.
- Jeannette, la plus jeune de la communauté est Tchadienne. Licenciée en philosophie et en droit, elle combine à Alger, où elle est arrivée en 2012,
plusieurs activités : la co-animation des sessions de formation de Justice et paix autour des questions du vivre ensemble, de l’éducation à la paix… , la coordination de l’équipe de rédaction de la revue diocésaine Rencontre , la responsabilité, au sein de l’association pour le droit des femmes et des enfants Fondation pour l’égalité, d’une activité regroupant deux fois par semaine des enfants et adolescents algériens et subsahariens pour des cours de soutien et des cours de musique afin de développer le vivre ensemble entre enfants et également entre parents. Ce qui lui a plu en Algérie c’est cette rencontre avec des personnes de différents pays, religions, et cultures. Mais ce qui lui pèse c’est d’avoir constaté, lors de son travail avec des jeunes algériens, leur profonde défiance vis-à-vis de leurs institutions nationales. Comment et sur quoi dès lors fonder leur citoyenneté ? La vie spirituelle de Jeannette est plus intellectuelle : elle a rejoint le groupe d’études bibliques des Hauts d’Alger où chaque participant anime à son tour le travail du groupe et s’entend bien avec les Jésuites.
Ainsi chacune des sœurs de St Joseph avait trouvé sa place et leur présence était précieuse pour la petite communauté chrétienne de ce pays. Hélas à l’Institut des sœurs de St Joseph, comme dans la plupart des communautés en Europe, les vocations se font rares. Le nombre total des sœurs qui était de 1300 en 2003 est passé à 560 actuellement. La congrégation doit restructurer ses actions. De plus aujourd’hui en Algérie aucune n’est salariée…Bref selon une décision qui semble irrévocable les sœurs de St Joseph sont appelées à nous quitter à la fin de l’année scolaire.
Bonne continuation à elles dans les nouvelles tâches qui les attendent et merci pour tout le travail accompli en Algérie. Bonne route à chacune.