Synode Addis Abeba, vue de l’intérieur, témoignage

  Témoignage de soeur Gabriella , Missionnaire de l’Immaculée (PIME)

Quelle était la composition du groupe du Maghreb ?

Nous étions dix : du Maroc le cardinal et un étudiant, de Tunisie une laïque, un musulman, et un jeune converti au christianisme, d’Algérie nous étion

s cinq : Mgr John Mac William qui fait partie de l’assemblée de la SECAM, le père Michel Guillaud secrétaire de la CERNA, père Théoneste, Linda une laïque et moi, sœur Gabriella. Nous avons vécu deux jours ensemble avant le synode où nous avons visité Addis Abeba, découvrant une Église Catholique de rite Éthiopien, une de rite latin et une

Église orthodoxe, un sanctuaire et des sites archéologiques très intéressants. Ce fut l’occasion pour nous de mieux nous connaître car nous ne nous connaissions pas beaucoup auparavant.

Combien de participants y avait-il en tout ?

Nous étions un peu plus de 200 participants dont 9 cardinaux, 2

9 évêques, 41 prêtres et tout le reste était des laïcs : plus de 50 femmes et 32 jeunes. Cela a été vraiment une première parce que les évêques de la conférence épiscopale de l’Afrique, SECAM se sont réunis de nombreuses fois mais toujours entre eux.

Qu’est-ce qui vous a particulièrement frappée ?

La première chose qui frappe c’était qu’avant

de parler de la synodalité nous l’avons vécue. J’ai été aussi très frappée par l’amour pour leur Église des femmes et des jeunes qui s’engagent et donnent de leurs personnes pour faire grandir la communauté chrétienne et vivre en profondeur leur vie chrétienne. Ce qui m’a frappée aussi, mais de façon négative, c’est le silence sur la situation des migrants, le dialogue interreligieux, l’œcuménisme ou sur la situation de guerres dans de nombreux pays. On a beaucoup parlé de l’Église en soi, mais pas assez ouverte sur toutes et tous pour moi.

Quelle a été la méthode de travail ?

Nous avons eu l’intervention du père Giacomo Costa qui fait partie du secrétariat du Synode de Rome et nous a présenté d’une façon très intéressante la méthode de la conversation spirituelle dont on a souvent parlé dans d’autres étapes de la préparation du synode : dans un premier tour, tout le monde s’exprime, dans un deuxième tour on exprime ce que nous avons ressenti à l’écoute des uns et des autres et dans un troisième tour on discerne ensemble. On se réunissait par petit groupe de douze personnes ; il y avait une quinzaine de groupes et cela a

donné la possibilité à tout le monde de s’exprimer. Cette méthode demande une grande et profonde écoute avant de prendre la parole, il faut être à l’écoute de l’Esprit Saint. C’est avec cette méthode qu’ont été formulées les expériences de préparation du synode ainsi que les priorités pour l’Église d’Afrique.

Nous avons eu aussi des moments en plein air où là, la méthode était un peu oubliée et nous partions sur de grands débats !

Quel a été selon vous, le plus grand défi ?

Les défis sont donc bien là : le problème du cléricalisme, un véritable obstacle, a souvent été relevé, la défense des valeurs africaines, et les traditions à sauver devant la globalisation qui s’installe, ainsi que la participation de la femme, des jeunes. Un moment significatif a eu lieu lorsque nous sommes entrés dans la salle, tout le monde s’est assis où il voulait, moi, qui suis de petite taille je me suis mise au milieu ; ensuite, on a demandé au micro que les cardinaux viennent devant puis les évêques, puis les prêtres et derrière le peuple de Dieu ; personne n’a bougé et c’est ainsi que le décor a été planté !

Un document final a été publié et à la place du titre de l’assemblée utilisé au départ « agrandir notre tente » nous avons préféré mettre l’image de la famille de Dieu, élargie, ouverte bien sûr et finalement c’est la « famille synodale de Dieu » qui a été retenue.

Propos recueillis par Didier Lucas

Église Catholique d'Algérie