Billet de l’évêque: « Désert et rencontre »

Désert et rencontre

Les 40 jours du carême, préfigurés par les 40 ans de l’Exode, et inaugurés par les 40 jours de Jésus au désert après son baptême (cf. Mc 1,9-13), sont un temps de ressourcement, dans la prière, le partage et le jeûne, en préparation à la fête de Pâques. « Il faut passer par le désert », écrivait Charles de Foucauld en 1898 au Père Jérôme, de l’abbaye de Staouëli, « et y séjourner pour recevoir la grâce de Dieu ; c’est là qu’on se vide, qu’on chasse de soi tout ce qui n’est pas Dieu et qu’on vide complètement cette petite maison de notre âme pour laisser toute la place à Dieu seul. […] Plus tard l’âme produira des fruits exactement dans la mesure où l’homme intérieur se sera formé en elle […] On ne donne que ce qu’on a et c’est dans la solitude, dans cette vie, seul avec Dieu seul, dans ce recueillement profond de l’âme qui oublie tout le créé pour vivre seule en union avec Dieu, que Dieu se donne tout entier à celui qui se donne ainsi tout entier à Lui. »

On aura beau chercher, rares sont les réflexions que le Père de Foucauld aura consacrées à la « spiritualité du désert », à l’exception notable de cette célèbre citation. Le désert est certes ce lieu de la solitude, seul avec le Seul, mais aussi celui de la rencontre, avec Dieu, avec les autres, avec nous-mêmes. Charles de Foucauld, inspiré par l’Esprit, décida de partir au désert pour y vivre la rencontre, en se faisant proche de ceux et celles qui étaient les plus éloignés, et ainsi, plus proche aussi de Dieu et de lui-même. Lorsque Moïse partit pour la première fois au désert, il y vécut la grâce de cette triple rencontre : avec Jéthro et Cippora, qui deviendraient son beau-père et son épouse (Ex 2), avec Dieu en personne dans le buisson ardent (Ex 3), avec lui-même à travers les paroles qui lui révélèrent son identité profonde sur la montagne de l’Horeb (Ex 4).

Le désert est par excellence le lieu de la rencontre. Que le carême soit donc aussi pour nous l’occasion de la vivre, dans notre cadre de vie quotidien, de manière encore plus intense et joyeuse. Quel en sera le fruit ? Ce que Dieu permettra ; sans doute aussi de grandir en ce que Charles de Foucauld exprimait à l’article 28 de ses « conseils » : « On fait du bien, non dans la mesure de ce qu’on dit et de ce qu’on fait, mais dans la mesure de ce qu’on est, dans la mesure de la grâce qui accompagne nos actes, dans la mesure en laquelle nos actes sont des actes de Jésus agissant en nous et par nous. »

+ Nicolas Lhernould

 

 

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