Billet de l’évêque « Carême »

Ce temps de Carême, ces quarante jours entre le Mercredi de Cendres et le Vendredi Saint, est un temps fort dans la vie de l’Eglise, un temps de pénitence et de conversion, un temps pour nous préparer à vivre avec Jésus sa Passion, sa marche au Golgotha et sa Crucifixion. Nous marchons avec lui, liturgiquement, écoutant la parole de Dieu de la messe et des offices, bien choisie pour chaque occasion. Pendant la Semaine sainte en particulier, nous vivons avec lui son entrée à Jérusalem : la joie des rameaux et les cris de « Hosanna ! ». Le Jeudi Saint nous célébrons humblement le lavement des pieds, par le prêtre ou peut-être des uns aux autres (des Jean et des Judas, comme faisait le Seigneur !), car nous sommes tous ‘apôtres’, n’est-ce pas ? Nous célébrons à la Cène l’institution de l’Eucharistie et du très Saint Sacrement. Nous vivons la peur au jardin de Gethsémani et la trahison, notre trahison, le rappel de nos fautes, nos péchés, nos refus d’aimer.

Oui, en Eglise, nous avons beaucoup à vivre ensemble avec Jésus ces jours-ci. Ensemble.

Nous avons aussi à vivre ce temps dans l’intimité de notre relation personnelle avec lui. Notre prière silencieuse, notre examen de conscience, le sacrement de Réconciliation. Nous choisissons comment vivre une pénitence pour Dieu : le jeune ? l’abstinence ? un effort de prière ? ou peut-être un effort (un petit djihad ?) de vivre uniquement pour Jésus dans une manière que lui seul voit ? Peut-être que nous sommes habitués à suivre les ‘lois’ de l’Eglise (pas de viande les vendredis, etc. par exemple). Les ‘recommandations’. Très bien, mais cela n’empêche pas un choix plus personnel, « juste entre Jésus et moi ».

Le premier jour de Carême cette année, j’avais la chance d’être avec un petit groupe, – des chrétiens parmi eux, – venus soutenir les réfugiés dans les campements à l’ouest de notre pays. J’ai pu apporter des cendres avec moi et là, en plein désert et pendant l’Eucharistie, nous, seulement sept plus Jésus, nous nous sommes marqué le front et nous avons rappelé notre besoin de conversion et de pardon. Surtout, nous avons demandé la grâce de Dieu pour nous-mêmes et pour nos proches, pour nos voisins réfugiés, certains là depuis 47 ans, et pour ceux qui ‘persécutent’ les autres – peut-être nous-mêmes persécuteurs. Oui, le Carême est un temps d’approfondir notre désir d’aimer nos amis et nos ennemis. De les aimer tous.

Car le dernier jour de Carême, le 7 avril, nous méditerons la sainte Croix de Jésus et ses bras étendus, ces bras qui nous embrassent, tous, par son œuvre salvatrice d’amour infini.

Et trois jours plus tard ……. هوحقا قام Il est vraiment ressuscité !

+ John MacWilliam

Evêque de Laghouat-Ghardaïa

Église Catholique d'Algérie