à l’écoute de nos pères (XIII)

Jacques, Marien et leurs compagnons, martyrs de Lambèse (259)

Le 6 mai, nous faisons mémoire des saints Jacques, Marien et leurs compagnons, qui furent assassinés pour leur foi à Lambèse (l’actuelle ville de Tazoult), au printemps 259.

Le texte de leur Passion raconte l’arrestation, les visions et la mort d’un groupe de martyrs numides, qui furent victimes de la persécution de l’empereur Valérien : Jacques était diacre, Marien, lecteur, Emilien, chevalier de la région de Cirta (Constantine aujourd’hui). A ce groupe s’ajoutent deux évêques, Agapius et Secundinus, deux protégées du premier, Antonia et Tertulla, et de nombreux autres chrétiens, clercs et laïcs, dont les noms ne sont pas précisés par le narrateur de la Passion, l’un des proches de Jacques.

Jacques et Marien furent arrêtés un 30 avril dans les faubourgs de Cirta. Après avoir confessé leur foi devant les magistrats de la ville, il furent transférés à Lambèse, où se trouvait le préfet militaire de la région, qui les condamna à être exécutés le 6 mai. La Numidie était en effet une province impériale, à la différence de l’Afrique proconsulaire, qui était sénatoriale. Cette dernière avait une administration civile, la première, une administration militaire. Le gouverneur de la Numidie était un officier de carrière, en même temps commandant en chef des troupes stationnées sur son territoire.

Jacques, précise le texte, avait déjà traversé la persécution de Dèce, qui eut lieu entre 249 et 250 (§5). Marien fut soumis à de cruelles tortures, que la Passion décrit avec de terribles détails. Dans la nuit qui suivit, le texte raconte comment saint Cyprien lui apparut dans son sommeil (§6). La Passion ne contient aucun élément explicite de datation, mais ce passage permet de dire que les faits se sont nécessairement déroulés après la mort de Cyprien, qui fut exécuté à Carthage le 14 septembre 258. Par ailleurs, si l’on admet que la prophétie finale de Marien (§12 ci-dessous) fait allusion à la captivité de l’empereur Valérien en Perse, qui commença au cours de l’hiver 259-260 il faut alors conclure que leur martyre eut lieu l’année 259.

[Sources : d’après V. S  axer, Saints anciens d’Afrique du Nord, Vatican 1979, p. 88-89, et La liturgie des Heures – Propre d’Afrique du Nord, 1982).

+ Nicolas Lhernould

« Il y eut une certaine mise en scène dans l’exécution. Etant donné le grand nombre de têtes à trancher, le bourreau avait rangé ses victimes en longues files. Ses coups sacrilèges, comme emportés par l’élan de sa fureur, frapperaient les têtes l’une après l’autre. Pour éviter que son œuvre sanglante et barbare n’eût un résultat inextricable, il avait imaginé cette solution. Car s’il était resté sur place pour frapper, il aurait accumulé les corps en un tas énorme et l’espace lui aurait manqué  pour achever son massacre. Suivant la coutume, il leur banda les yeux, avant de les frapper. Cependant les ténèbres ne purent empêcher le regard d’une âme libre qu’allait éclairer la splendeur immense et précieuse d’une lumière infinie. Entourés de leurs proches et de leurs frères, les martyrs leur firent part des merveilles qu’ils voyaient : des chevaux blancs comme la neige passaient, montés par des jeunes gens vêtus aussi de blanc. Parmi les martyrs, certains, en confirmation du récit de leurs collègues, entendaient en même temps le hennissement des chevaux et le bruit de leurs sabots. Quant à Marien, il était déjà rempli de l’esprit de prophétie. Il annonçait avec confiance et force que le jour approchait où serait vengé le sang des justes et où s’abattraient sur le monde toutes sortes de calamités célestes : épidémies, emprisonnements, famines, tremblements de terre, mouches venimeuses. Par ces paroles, la foi du martyr n’adressait pas seulement des reproches aux païens, elle était aussi un puissant stimulant pour le courage des frères. Elle résonnait comme une sonnerie de trompette, avertissant les justes, au milieu des malheurs de ce monde, de saisir l’occasion d’une mort juste et précieuse. »

[Passion de Jacques, Marien et compagnons, §12, in V. SAXER, Id., 102-103]

 

12 Mai 2022 | A la une

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Église Catholique d'Algérie